Après plusieurs mois d’absence, la galerie Jacques BIVOUAC rouvre ses portes en janvier 2024 dans l’enceinte de l’Atelier de la Cour Carrée, au 107 avenue de la République à Pontault-Combault.
l’Atelier de la Cour Carrée offre une carte blanche à l’association Artmercator, qui dans le cadre d’une résidence d’un an, assurera la programmation artistique du site.
Ce nouvel espace dédié à la création contemporaine a entièrement été imaginé et conçu par les membres fondateurs de l’association Artmercator ; Philippe Marcus et Guillaume Mathivet.
Les visites de la galerie sont possibles sur RDV et aux horaires d’ouverture habituelles du site.
Danaé Monseigny : Un corps y dort
Visible à partir du 10 février 2025
Curator : Philippe Marcus
Crédit photographique : Romain Darnaud
L’art de Danaé Monseigny, une production de rêves aux défis du réel
Pour Danaé Monseigny, il semble que le corps d’une œuvre plastique ne peut qu’être une sorte d’« apparence solide ». Est-ce à cette fin qu’elle use ou vaque entre les pratiques d’expressions pour « parler formellement » de ce pour quoi elle se pose en artiste multidisciplinaire ou multipraticienne? Sa volonté d’incarner son travail aussi réellement ou diversement que fictivement, de donner de l’ « in-corporéïté », fût-ce par un fantasme, tout la conduit à créer et produire sans frein technique. L’oxymore glissé par l’artiste entre deux aperçus pensables d’une entrevision personnelle et la présence phénoménale de l’œuvre engagent l’aspect esthétique qu’elle donne à son art : sensible et personnel d’un côté, palpable d’un autre. De l’un à l’autre, une énigme flotte, où l’allure de sa pratique d’artiste prise dans un entre-deux, voire la tournure d’une forme secrètement réelle suscite l’étonnement en permettant de décrire des compositions ou d’évoquer des silhouettes aussi ambitieuses artistiquement que délicates à cerner.
Danaé Monseigny dramatise ses œuvres comme des miroirs partiels de la société, des cheminements oniriques et une réflexion personnelle sur l’art et ses épreuves plastiques. Chacune est un tissage particulier dans lequel son intitulé, sa fabrication et son univers esthétique agissent de concert. Face aux œuvres, on ne peut que se surprendre à interroger chaque éclat allusif, et toutes choses étant par ailleurs égales, on se surprend à accompagner fictivement l’artiste imaginant la confection d’objets habités plutôt que composant des œuvres délimitées. Partant, les parcours ou les dérives rêveuses d’où l’artiste embarque le spectateur dans ses voyages oniriques foisonnent. Bien que démesurément agrandi, un médaillon au contenu délicat conserve le souffle et les mystères d’un objet intime. Partant encore, un assemblage en forme de sceptre articulant une longue et fine branche emmaillotée de sparadrap, d’orfèvrerie et coiffée de longs cheveux roux rétroprojette des fictions maliques supposées ancestrales sur une autorité féminine. Partant toujours, une vitrine architecturée comme une église est posée sur un guéridon dont les pieds graciles et galbés silhouettent une personnalité féminine. Ses parois de verre déploient des fenêtres et suggèrent en même temps des théâtres intérieurs dans une ambiance de grenier rempli de son capharnaüm. On se passionne pour les possibilités de résonnances et la somptuosité esthétique de matériaux retenus pour leur coloris autant que pour leurs matières réelles ou fantasmées, le soin accordé à une mise en vue à fois fureteuse de possibilité expressive et peut-être fantastique. Danaé Monseigny chemine à travers son imagination auctoriale, elle file des agencements créateurs de paraboles à travers lesquelles le sens de son art se creuse des apparences de l’œuvre, ou consacre l’illogisme ouvrant pour l’imagination d’un décollage provocateur : chaque cheminement intrique d’inexplicables préférences esthétiques. Avec son spectacle, chaque œuvre mobilise des perspectives multiples et entremêle les horizons pour porter des présences phénoménologiques autant que des détachements souvent magiques, et toujours une aura d’émerveillement.
Le regard sur les œuvres est frappé à mesure des appels à toucher leurs images. Sommes nous confrontés à un savoir-faire artisanal dont la technique subjugue ou à des pièces de cabinet de curiosité dont l’étrangeté interroge ? Danaé Monseigny s’active en « rhizomant » ses passions pour l’archéologie et les arts premiers ou singuliers, son intérêt pour les profondeurs de l’inconscient et les mots teintés d’expression visuelle et illustrative. Au fait des exigences évocatrices de ses projets créatifs, elle active à dessein les richesses possibles et événementielles de pratiques multiformes et rêvasseuses, tout un atelier poïétique fait d’invitation à acter ou suggérer un récit écrit ou en image. La sculpture et le dessin, voire toutes perspectives de volumes rationnels ou inventés ne sont pas en reste quand, changeant les proportions d’une œuvre, elle active un principe d’installation in situ ou, à fortiori l’occasion d’amplification artistique en trois, voire quatre dimensions d’un projet. Ses manières d’œuvrer ouvrent la possibilité d’instrumentaliser ou de faire dériver les techniques en les teintant paradoxalement d’incertitude, pour surjouer leurs brillances naturelles ou conforter un effet esthétique buissonnier. Et si, ébloui ou transporté on songe parfois aux « bricolages » savants ou opportunistes de Man Ray, Dorothea Tanning, Max Ersnt, Meret Openheim ou d’artistes surréalistes ayant gravité autour d’André Breton sinon des productions d’art brut, c’est bien qu’on reconnaît dans son propre travail d’aussi réels « détours du monde ».
Danaé Monseigny est peintre quand elle vise des coloris, sculptrice quand elle justifie un travail en relief, styliste et bijoutière quand elle l’habille de tissus et d’accessoires avec des préciosités d’orfèvre, metteuse en scène et « théâtreuse » chaque fois que les dimensions réelles ou symboliques des œuvres prolongent leurs marges poétiques d’une fascinante étrangeté. Dans son atelier, son travail a une aura de magicienne ; exposé, il s’ouvre sur des empyrées mystérieuses et des bonheurs de contes.
Alain Bouaziz, décembre 2024
Constanza Piaggio : Résonances
Visible à partir du 7 octobre 2024
Curator : Philippe Marcus
Crédit photographique : Romain Darnaud
Dans la salle, jalonnant les murs de l’exposition : une ode visuelle, sensible et sensitive, à la nature. En un florilège de photographies capturées lors de ses flâneries au milieu des arbres de la forêt de Barbizon, Constanza Piaggio tente de saisir l’insondable – l’immémorialité des lieux qui subsistent indéfectiblement. Dans sa série Résonances, la roche brute, ancestrale, y est omniprésente ; inerte mais vivante, mise à nue dans toute la simplicité de son apparence millénaire.
Témoin du passé, la roche devient un palimpseste de la mémoire géologique, marquée à différentes strates par l’érosion du temps. Telles de sinueuses lignes de vie ou des rides profondément creusées, les sillons semblent raconter des histoires lointaines, liées à celles de notre humanité.
Chaque pierre, par sa masse imposante et ses contours irréguliers, exhale une forme d’énergie primitive, une force intangible et silencieuse traversant les âges, résistant au sempiternel recommencement des cycles et siècles. Robustes bien que fragiles dans leur solidité, ces roches sont comme les os de la Terre, ses fondations, portant en elles le poids incommensurable du monde.
En en scrutant les détails les plus infimes, l’artiste tente d’en extraire la substantifique moelle, laissant entrevoir l’âme même de ces sculptures naturelles singulières. Alors devant ces plans rapprochés de formes et textures, nous questionnant indubitablement sur la vulnérabilité de notre propre nature, comment ne pas céder aux projections anthropomorphiques ou autres tentations paréidoliques ?
Il s’agit pourtant ici de contempler seulement, sans biais cognitif, sans interprétation parasitaire. Se défaire de l’analyse, de l’extrapolation. Regarder, le temps d’un instant, ces fragments saisis, choisis, réunis. Et ressentir. Car Constanza Piaggio cherche avant tout à nous reconnecter à la pureté originelle du vivant, nous plonger au cœur de l’émotion d’un moment de recueillement.
Ainsi, afin de prolonger l’expérience sensorielle, une simulation vidéo 3D co-réalisée avec Romain Sein nous immerge encore davantage au cœur de la forêt. Par le prisme d’une caméra subjective, nous déambulons entre les arbres et les rochers reconstitués, animés par des variables simulant les atmosphères diurnes et nocturnes ainsi que les aléas du temps et des saisons. Le dispositif approfondit notre perception en révélant des facettes insoupçonnées de ce paysage, dans une tentative de capturer l’éternel dans l’éphémère.
Si ce dialogue entre réalité et virtualité nous mène subtilement à une introspection romantique, vertigineuse, sur la fugacité et l’insignifiance de notre existence dans le cosmos, ce n’est pourtant pas l’unique dessein de Piaggio. Loin de vouloir créer un fossé entre l’humain et la nature, l’artiste nous invite avec Résonances à se fondre, communier, s’exalter de la beauté. Embrasser à retrouver, dans la contemplation de ces pierres intemporelles, la sensation d’appartenir à un tout, sans bornes perceptibles, et enfin s’abandonner à la poésie de l’infini.
Maya Trufaut, septembre 2024
Stéphanne Fromm : Shade surfing mirrors
Visible à partir du 11 mars 2024
Curator : Philippe Marcus
Crédit photographique : Romain Darnaud
Pour sa première exposition personnelle à la galerie Jacques Bivouac, l’artiste Stéphane Fromm présente une série inédite de 23 pièces, intitulée « Digressions ». Cette série, pensée en partie pour le lieu, compose sur les murs de la galerie une ligne discontinue de questionnements, à l’intérieur de laquelle chaque peinture est un point, aussi bien qu’une interrogation.
Chacune des oeuvres ainsi accrochées est volontairement confrontée à son reflet absenté du fait de la distanciation de sa propre mesure, dans un espace où une numérologie savante des équivalences opère alternativement entre les formats et les écarts pour créer à la manière de Marey une chronophotographie fluctuante de l’incertitude. L’artiste nous propose un parcours, ou plutôt son parcours introspectif à l’intérieur d’un clair obscur subtil réduit à son substrat.
Ici, l’homme ou la femme de Platon deviendra l’espace d’un instant regardeur ou regardeuse dans cette grotte qu’est pour l’occasion la galerie Jacques Bivouac. Observant les quasi imperceptibles lumières blanches du monde à travers ces opaques fenêtres subjectives créées par l’artiste. Celles-ci figurent autant d’échappatoires irréalistes desquelles émergent dans une écume peinte le sursaut salvateur, celui de la vie ou plutôt de la survivance, telle que théorisée par Nietzsche.
Philippe Marcus
Hélène Bleys, Jeannie Brie et Julie Freichel : Ménage à trois
Visible du 12 janvier au 10 mars 2024
Curator : Philippe Marcus
Crédit photographique : Romain Darnaud
Abordé initialement par son titre joyeusement caustique, l’exposition Ménage à trois dépeint la galerie Jacques BIVOUAC, la faisant théâtre d’un équivoque arrangement domestique. C’est ici que font ménage les œuvres des trois artistes, Hélène Bleys, Jeannie Brie et Julie Freichel. C’est dans cette antichambre qu’elle ont imaginée une cohérence de proposition, usant d’un jeu de questions/ réponses, une œuvre renvoyant à l’autre et inversement. Se ressent dans la proposition une métonymie de la forêt. Des collections de bâtons à l’image, de la jolie feuille ramassée lors d’une promenade jusqu’à la représentation d’une forêt dense abattue. De l’arbre au papier, de la feuille à la branche. Les références, diverses s’entremêlent et se font écho. Se faisant figure partielle d’un tout, pièce d’un savant assemblage dont les morceaux n’évoquent pas tant des solutions que des possibilités.
Jacques BIVOUAC
Jusqu’en 2021, La galerie Jacques Bivouac était hébergée dans l’enceinte du Centre Culturel Communal de Pierrefitte sur Seine.
Philippe Marcus et Guillaume Mathivet : Traversée éponyme
D’un point à un autre, au delà des monts et vallées, se dessine un chemin dont la personne évanescente est fictive et le nom un concept. Il faudra donc, ici, s’absenter dans le paysage, être le décor l’espace d’un instant. Devenir la peinture ou la terre. Finalement être l’œuvre au moins partiellement, puisqu’il n’est qu’en la regardant qu’on l’active. Être le témoin de cet horizon étendu, comme le le Voyageur au-dessus de la mer de nuages de Caspar David Friedrich. Et qu’il soit montagne courue de traits, roche de terre cuite, en prise avec un ciel monté sur châssis le ressourcement s’initie en passant de part en part, comme une fulgurance. Et c’est ainsi que le temps et la présence se matérialisent en une traversée, éponyme, celle de l’acte simple d’être comme l’image d’un art en transhumance.
Jacques BIVOUAC
Crédit photographique : Misha Zavalnyi
Peter Lökös : Temps sur mesure
Vous entendez surement, à l’horizon de la terre, une gravité qui s’élève. Lorsque tout devient poussière, le temps pris dans l’engrenage laisse à peine échapper le murmure d’une chute métronomique de sable fin. Comme en écho à cette idée, Peter LÖKÖS dans son exposition « Temps sur mesure », présente à la galerie Jacques Bivouac un ensemble d’installations sculpturales. Au temps donné de la création, il mêle les corps, leurs évolutions, la nôtre, à l’échelle d’une vie et de son absurdité. Cette mesure variable fausse le pas à une course contre la montre, mais si vous vous arrêtez ici ne serait-ce qu’un instant, suspendu, vous ferez certainement un voyage, et peut-être y verrez-vous grandir en silence, les jeunes pousses à l’ombre des heures.
Jacques BIVOUAC
Julia Kremer : Effingo nebula
Julia KREMER nous livre une œuvre flottante, à la fois mouvement et plénitude. Elle nous propose des panoramas cousus de pièces éparses. Comme une nébuleuse qui s’étendrait à l’infini. Ainsi, l’espace de l’œuvre, n’est jamais clos et invite à la continuité. Ce qui n’est pas présenté a autant sa place que ce qui est figuré. Une recomposition savante du monde s’opère à travers un amoncellement de bribes pour créer un témoignage vivace de notre environnement morcelé et disparate. Il y a la multiplicité, au sens de la copie, qui procède d’une transfiguration des éléments de langage, en un flot, telles des vagues isolés qui s’entrecroisent. Quelque chose d’invasif se joue là, à la manière de territoires en lutte. On pourrait, en regardant le travail de Julia, penser à un paysage dévasté, jonché de gravats. L’unité formelle suggérée par l’utilisation du noir et blanc caractéristique de la photocopie est ponctuée, parfois, de quelques rares traits de couleur qui agissent en vibrations ténues mais puissantes. Elles ouvrent une fenêtre de mémoire colorée, au milieu de la bichromie du souvenir. Alors, pour faire fi du chaos ambiant, Il ne nous reste plus qu’à diriger notre regard vers ces œuvres composées de pixels d’étoiles.
Jacques BIVOUAC
Exposition collective : Transistance
Tandis que la maxime « non essentielle » fait rage dans les lieux culturels de tout le pays suite aux directives gouvernementales pour gérer la crise sanitaire lié au Covid et que notre département de la Seine-Saint-Denis est assujetti à un confinement drastique, il nous paraît essentiel en tant que Centre Culturel de continuer à faire vivre notre structure et assurer nos missions de diffusion et de soutien à la création artistique. En ces temps d’isolement et de repli sur soi forcé, nous avons à cœur de permettre à notre public de continuer à s’enrichir, découvrir, se questionner, nourrir son monde sensible et également d’encourager les artistes à valoriser leur travail en leur offrant la possibilité d’exposer. A l’ombre des masques, nous vous proposons de faire la lumière sur l’exposition protéiforme Transistance, orchestrée par le collectif Artmercator en charge de la galerie Jacques Bivouac, et qui regroupe plusieurs artistes issus de la scène contemporaine.
Laetitia Didiergeorges, Directrice du Centre Culturel Communal de Pierrefitte
La galerie Jacques BIVOUAC présente l’exposition Transistance – un regard sur la collection Jacques BIVOUAC. Bien que Celle-ci intervienne dans un contexte particulier, elle apporte un éclairage nouveau sur les deux ans d’exercice de la galerie Jacques BIVOUAC, et plus largement sur les actions menées dans le domaine artistique par l’association ARTMERCATOR. Deux ans, c’est jeune. Et c’est bien ce qui définit le mieux cette collection, puisque les artistes qui y sont présentés le sont aussi. Quels que soient leurs âges, ils ont la vivacité et l’envie de de faire vivre l’art, tant par leurs engagements que par leurs questionnements plastiques. La collection se compose ainsi d’œuvres échangées ou données par les artistes, et s’inscrit donc en dehors de toute valeur marchande, ce qui la teinte d’une humanité particulière. Elle s’est construite au fil des rencontres, des hasards, un artiste en amenant un autre. Chacun, à sa manière, devenant ainsi la pierre angulaire d’une pensée commune. Ici, il est question d’une contre-culture, celle du don. En définitive, c’est une « culture avec », qu’il s’agit d’affirmer. Et même si les œuvres présentées peuvent paraître hétéroclites, parfois même dissonantes, les artistes se retrouvent dans cette connivence intellectuelle, qui réside dans la recherche d’une essence libertaire de l’art. Alors, s’il n’est de liberté que dans l’expérience d’autrui, il est essentiel de penser le public depuis si longtemps interdit. Puisque les œuvres ne se révèlent que dans leur finalité intrinsèque, celle de la rencontre, et n’existent que dans cet instant où le regardeur les transfigure, nous voulons croire qu’il est essentiel de continuer à proposer des expositions. Au moment où nous écrivons ces lignes il est difficile de savoir ce qu’il sera possible de faire ou non. Mais plutôt que d’attendre, nous avons choisi de continuer à montrer, à faire vivre l’art surtout dans des zones dites « sensibles ». Enfin, nous tenons à réitérer nos remerciements sincères, aux artistes, qui ont, encore une fois en dépit des conditions déplorables, répondu présents.
Jacques BIVOUAC
DJTAL Humain : Post-Thune
L’œuvre du Djtal HUMAIN est à entrevoir à travers le prisme du génie, au sens premier du terme, car l’artiste, ingénieur de formation, développe un travail autour de connaissances techniques, économiques, sociales et humaines. Il crée des situations de conversations où le spectateur, interloqué, se prend au jeu de la création artistique. Ainsi l’œuvre devient active, plus qu’interactive. L’art y est un espace démocratique de transgression. C’est donc que le travail du Djtal HUMAIN se niche quelque part dans l’expérience d’autrui, dans cet espace ténu où le langage permet la compréhension. Et s’il en appelle parfois aux totems qu’il confronte aux lois du digital, c’est peut-être pour répondre à l’urgence humaine de recréer des figures tutélaires. En définitive c’est vers l’autre que le Djtal HUMAIN oriente toujours sa pratique. Il développe un art social, ou sa monnaie d’échange, le Djtos, représente un espoir de dévaluer le système bancaire actuel qui nous appauvrit au quotidien. Se dessine alors une prémonition salvatrice, celle d’un monde après l’argent.
A notre ami,
Jacques BIVOUAC
Marie-cécile Marques : « Chaos technique »
Marie-Cécile Marques : Chaos technique
L’apparent chaos technique, qui s’énonce dans le travail de Marie-Cécile MARQUES, nous livre une pensée de la peinture à la fois aléatoire et ordonnée. Ici, tout s’accumule, bain d’images, puis bain d’arrêt, sur image. La rapidité de leur fabrication en écho à l’urgence imposée de leur diffusion. C’est ainsi, que prit sur le vif, le laid, l’inutile, le factuel, le commun deviennent des prétextes et acquièrent le statut du « beau », tabou s’il en est, dans leur matérialisation picturale. Le chaos se situe dans l’expérience même de l’acte de peindre. Un effet papillon, orienté dans de multiples directions, qui préfigure autant de propositions plastiques en devenir. La pensée picturale de Marie-Cécile, même si elle appartient totalement à l’époque, est cependant fortement ancrée dans le classicisme. Celui qui impose l’étude du sujet, comme un élément fondateur de la démarche artistique. C’est donc bien le faire qui justifie l’œuvre, sans pour autant la priver de son sens, car il s’agit d’un art engagé et réaliste composé d’un vocabulaire pictural élaboré et prolixe. Marie-Cécile nous autorise à expérimenter le monde en dehors de la terminologie du contrôle, trop souvent à l’ordre du jour, mais plutôt avec générosité et opulence dans une pratique digne d’un gargantua de la peinture.
Dans l’attente du prochain plat du jour,
Jacques BIVOUAC
Thomas Perino : L’intranquillité du détail
A la démesure du personnage se confronte la rigueur du praticien. Le travail de Thomas est à la fois une projection d’ensemble, une composition pensée dans le moindre de ces axes de lectures et un souci infini de la ligne. Si l’on croit comprendre les images qui sont livrées à notre regard, c’est que leur simplicité formelle s’impose à nous, pour autant, leur sens est labyrinthique. Il existe dans ces compositions qui oscillent entre volubilité et silence des dizaines de degrés de lecture. L’œil averti pourra y revenir. Il s’agit bien là de la qualité des grands artistes, celle à la fois de pouvoir être entrevu en bloc, dès le premier regard et de pourtant être vu et revu, sans lassitude.
Thomas grave, et la gravité des images produite n’en finit pas de tailler avec douceur une vision hors norme. La séduction propre à son ouvrage, n’est qu’un leurre, pour attirer l’esprit vers des sphères de la réflexion bien plus fournies.
Alors l’intranquillité du détail, qui pourrait qualifier à elle seule l’oeuvre de Thomas, n’est autre qu’une déférence à l’égard du regardeur.
Jacques BIVOUAC
Jean-Marc Forax : Vous trouvez…
Le corpus des œuvres présentées à la galerie Jacques BIVOUAC a été réalisé spécialement pour cette exposition, dans un temps court, en à peine plus d’un mois, témoignant ainsi de la régularité de la pratique de Jean Marc, qui à ce titre peut aisément être qualifié de stakhanoviste du dessin. La collecte d’images, érigée en habitude, constitue La genèse de ces travaux. Les images sont glanées sur le flux constant des réseaux dit sociaux. Des photos de profils, bien souvent de face. Des autoportraits ou des portraits d’anonymes se mettant en scène qui nous rappellent ces photographies d’acteurs qui inondent notre quotidien. Mais ici il est question d’acteurs inconnus qui se situent quelque part entre l’ombre de David BOWIE et la prophétie d’Andy WARHOL. Ces images une fois triées sont traitées à l’aquarelle avec objectivité et simplicité sans ajout ni fioriture. Pour ainsi dire, et c’est important, sans jugement. Elles sont un instantané de l’époque. Une galerie d’avatars, en somme. Et si l’humour sous-jacent est souvent noir, comme l’ami alibi de Nadine, il se dégage de l’ensemble une empathie salvatrice teintée de fascination pour ces inconnus si proches de nous.
Jacques BIVOUAC
Philippe Marcus : Vis de formes
Philippe Marcus, nous murmure la peinture en des lieux, des instants, des objets trouvés. Au commencement la ligne, celle du dessin, agit comme moteur à tout le reste. A l’écriture, marquage de départ, succède la couleur, dégoulinante et vive. Elle est appliquée sans hiérarchie, parfois se superposant mais ne trahissant jamais la ligne de conduite des débuts. Le tout s’évase en un vocabulaire de formes et de couleurs singulières, procurant une cohérence particulière au travail. Les œuvres se répondent, se transforment et réapparaissent d’un format à l’autre comme prisonnières d’un puzzle géant. Le véritable jeu réside dans l’assemblage et l’écho qu’elles suggèrent tant entre elles qu’avec le visiteur. Fable astucieuse, on retrouvera en y regardant bien, les choses cachés, entre le trait et les aplats. Et souvent dans ce que l’on pensait abstrait surgissent des visages, des figures…
Jacques BIVOUAC
Exposition collective : Désordre ou changement
Pour cette cinquième exposition, la galerie Jacques BIVOUAC a donné carte blanche à l’artiste Guillaume MATHIVET. A cette occasion, il endossera la double casquette d’artiste et de commissaire. Il a choisi de convier trois artistes dont les problématiques l’interpellent. Vous retrouverez des œuvres de Slimane Ismaili ALAOUI dit « Nassyo », de Katya ELIZAROVA dit « Quelish » et d’Eddy CHARTIER. Tout en orientant volontairement la thématique de l’exposition autour de la notion de climat, il nous propose une réappropriation de l’univers du graffiti par la peinture. Fragment de mur, d’espaces, gestes de marquages des supports, comme pour amener la trace, ce que l’on trouve dehors à l’intérieur même de la galerie. Les travaux sont mis en regard et se partagent l’espace, sans hiérarchie. Chacun a déposé quelques objets, quelques idées, récupérés sur la route, matérialisant ainsi un chaos, reflet de notre époque mais qui implique une réponse immédiate à la question laissée en suspens désordre ou changement ?
Jacques BIVOUAC
Alain Bouaziz : Temps, mouvements et projets imaginaires
Les peintures d’Alain Bouaziz sont des générateurs de formes et d’espaces. C’est par des gestes simples qu’elles nous interpellent, une tâche, un trait, une découpe sont autant d’éléments de composition. La peinture devient alors dynamique et mouvante. Tout naturellement on comprendra le lien au corps en mouvement, au corps dansant, qu’il explore et tente de réinterpréter par l’action du peintre. Comme une poursuite du geste, non sans ironie et références assumées. Le mur devient une piste, terrain de composition, de chorégraphie et de relâchement. Ici s’accumulent, se superposent et se répondent les feuilles, les marques, en temps-lié.
Jacques BIVOUAC
Pimkie Broosters – Collection automne – Hiver
Pimkie BROOSTERS est né à Brooklyn, et y a vécu. Cependant depuis sa plus tendre enfance il a toujours été fasciné par la France, aussi il y 8 ans il décide de s’installer à Paris. Dès lors, et « comme par magie », nous dit-il, les rencontres et les imprévus se succèdent. Petit à petit il se désintéresse de sa profession d’origine, publicitaire, pour finalement se consacrer à la création artistique. Pimkie est un artiste sans formation, ou plutôt sans déformation, devrait-on dire. Il se joue de toutes les formes artistiques. Danse, objet, peinture, graffiti, etc… Tout est prétexte à réflexion et il difficile de cantonner son travail à une discipline tant ses œuvres oscillent entre plusieurs. Pimkie ne se prétend pas artiste, mais pourtant il produit des œuvres. Il est le fruit d’une ambiguïté inhérente à l’art qui au fur et à mesure est devenue sa problématique première. « Je voudrais que mon art soit comme une vitrine de magasin », cette phrase attrapée à la volée lors de nos entretiens, donne le ton de l’exposition Collection Automne – Hiver, qu’il a conçue spécialement pour la galerie Jacques BIVOUAC et qui s’attache à présenter un art de vitrine, mais pas de façade.
Jacques BIVOUAC
David Perchey : Désorientés
Les compositions de David PERCHEY, bien qu’habitées de quelques figures, n’en sont pas moins désolées. Désorientés, on s’arrête, surpris alors, par ce dessin fantôme dans lequel les narrations se chevauchent, pour mieux brouiller les pistes. Le dessin évoque le calque et les images se superposent, comme pour mettre à nu les différentes couches du temps. Une sorte de flou plane alors sur ces mises en scène, peuplées de réminiscences qui se manifestent en une multitude de traits. C’est d’ailleurs à des endroits bien précis de la composition qu’ils s’accumulent en une vibration incontrôlée, figeant les mouvements. On se retrouve, pris au piège dans la psychose des personnages, si ce n’est pas notre propre hallucination, hantée par ses figurants. Évidement les thématiques ont quelque chose de dérangeantes, et s’inscrivent à l’encontre des convenances, loin de ce puritanisme pernicieux qui fait le quotidien de notre belle-mère*.
Jacques BIVOUAC
*N’est-ce pas Hans ?
Luc Pommet : Lumière sur plan
La galerie Jacques BIVOUAC vous propose de découvrir Lumière sur plan, la première exposition personnelle de Luc POMMET, étudiant à l’école des Beaux Arts de Paris. Lumière sur plan, mais lequel ? Celui de l’architecture où l’espace se définit en des volumes, ou encore celui du cinéma qui crée une mise en scène plaçant le sujet dans une durée, dans un avant et un après de l’objet peint. C’est dans cette construction du plan que la lumière opère*. Une lumière travaillée, semblable à celles des projecteurs, qui sculptent, révèlent et construisent une image. Alors les toiles se font discrètes volontairement, guère plus grandes que des A4, pour capter le regardeur et lui livrer une vision du paysage, comme issu d’un arrêt sur image.
*Mon cher Edward
Jacques BIVOUAC













































































































































































































